Ghout Hassi-Khalifa
LA PALMERAIE D’ABDERRAHMANE A HASSI-KHALIFA
Le Ghout d’Abderrahmane est une splendide palmeraie située à l’Est du village
d’Hassi-Khalifa, à quelques encablures
du centre. Elle est bordée au Nord par un chemin vicinal à la lisière d’autres
palmeraies, à l’Ouest par Ghout
Echarrada, à l’Est par Ghout Tey, au Sud par Ghout Hamma-Tahar et Ghout
El-Ferdjane. La palmeraie de son frère Hamma-Sghaier se trouve juste derrière
Ghout El-Ferdjane.
Pour
mettre sa palmeraie à l’abri des regards indiscrets des voisins ou des
passants ; ou bien encore, pour permettre à la gent féminine de circuler
librement sans voile à l’intérieur de la propriété, des clôtures sont indispensables. Ainsi, la
palmeraie est entourée par une barrière de sable et de pierrailles provenant du
creusement et amoncelées en cordons dunaires fermées, renforcées à la base par une « contre-digue »
de pierres (tafza) pour retenir le sable. Une brèche ouverte sur cet obstacle, suivie
d’un « couloir » fait office de
porte d’accès à la palmeraie. Le sable
dans cette zone étant gypseux et argileux, il suffit qu’il pleuve une seule fois
pour qu’il devienne solidaire et compact, assurant ainsi la fixation et la
stabilité du sable et du déblai. Au moins, ici, le fellah n’aura pas à lutter
éternellement contre les assauts des vents de sable comme dans les autres
localités de la région. A même le flanc du
rempart, est aménagé un four à plâtre traditionnel (Koucha) pour la production
du plâtre nécessaire à la construction de la maison rurale et d’un petit hangar réservé au stockage des dattes. Ainsi
la pierre calcaire (tafza) extraite des travaux d’excavation est, soit vendue, soit utilisée sur place comme matériau de construction. Elle est alors
transformée en plâtre dans le four construit également avec les moyens du bord (Tafza et plâtre). C’est un
ouvrage en maçonnerie en forme d’entonnoir qu’on emplit de pierre calcaire (Tafza)
et en dessous duquel on entretient un foyer dans une cage aménagée pour cet usage.
Comme partout dans le Souf, la technique d’irrigation est
originale et uniforme. Il s’agit d’une méthode ancestrale transmise de
génération en génération depuis des
siècles et qui existe exclusivement dans la région du Souf. Les palmiers sont
irrigués par la nappe phréatique au fond d’un labyrinthe d’excavations appelées « Rebâa ». Chaque propriétaire est entièrement
indépendant de ses voisins. Pas de rationnement dans la distribution de l’eau. Aucun
facteur générateur de tension ou de conflits. Aucune forme de gaspillage, n’en
plus. Depuis des millénaires, des cours
d’eau souterrains parcourent la région et forment une nappe phréatique proche
de la surface. L’astuce des souafas consistent à creuser à une distance
raisonnable de la nappe en confectionnant, suivant la nature du sol, soit une énorme cuvette généralement circulaire,
soit des excavations rectangulaires au fond desquelles ils plantent les palmiers. Ainsi, les palmiers
peuvent s’abreuver directement lorsque leurs racines atteignent la couche humide, évitant ainsi très
avantageusement au fellah la corvée de
les irriguer artificiellement. Le
palmier dattier est parfaitement
adapté à l’environnement et au climat
désertique ; et le fellah Soufi, en
fertilisant naturellement les palmiers, pratique un mode d’agriculture
réellement biologique. En été, la palmeraie est le lieu de
prédilection pour se rafraichir et se reposer. En effet, rien ne vaut une
sieste à l’ombre du palmier pendant la période des grandes chaleurs.